Nice : métropole actuellement la moins touchée par la covid19

Parmi les 22 « métropoles », la métropole niçoise (540 000 habitants) a le taux d’incidence Covid19 le plus faible en France, avec 29 nouveaux cas (moyenne sur 7 jours) pour 100 000 habitants le 7 juin dernier contre 700/100 000 en début d'année. La métropole niçoise semble bénéficier des effets d’une campagne vaccinale intensive démarrée précocement.

     Le recul du nombre quotidien de nouveaux cas de Covid-19 est spectaculaire en France, avec 5 900 tests positifs dénombrés en moyenne sur sept jours le 7 juin, contre 35 000 environ au début du mois d’avril et un nombre de personnes hospitalisées qui a été divisé par deux en deux mois.

 

     Selon le site Covidtracker la métropole Niçoise (540 000 habitants) est celle qui compte le plus faible taux d’incidence au 7 juin : 29 nouveaux cas par jour pour 100 00 habitants, pour une moyenne nationale de 87 nouveaux cas. Dès le 24 mai, la métropole était passée sous la barre symbolique des 50 cas pour 100 000 habitants. À l’opposé, Orléans et Brest ont l’incidence la plus élevée, avec respectivement 120 et 116 cas pour 100 000 habitants. Ce résultat est d’autant plus surprenant que la métropole niçoise faisait partie en début d’année des villes les plus touchées par l’épidémie avec un taux d’incidence de 700 nouveaux cas (pour 100 000 h.). Plusieurs facteurs peuvent expliquer la situation favorable actuelle.

une agence de gestion des risques est nÉe en juin 2020

     Le 14 juillet 2016, une attaque terroriste sur la promenade des anglais a entraîné la mort de 86 personnes, dont une douzaine d'enfants, et fait plus de 400 blessés. Cet attentat est l’origine d’un traumatisme pour les habitants de la ville au moins aussi fort que celui du Bataclan (130 morts) pour les parisiens. Cet attentat avait aussi montré la difficulté de coordonner la gestion des secours dans une telle situation de crise. Quatre ans plus tard, en 2020, les difficultés d’organisation de la riposte sanitaire au début de l’épidémie de covid19 ont achevé de convaincre les élus locaux de se doter de leur propre outil pour faire face aussi bien aux crises sanitaires qu’environnementales et sécuritaires.

     Lors des élections municipales de juin 2020, le maire, Christian Estrosi, candidat à sa réélection, a annoncé son souhait que la métropole se dote d’un outil de coordination adapté à la gestion des risques. La création de l’agence de sécurité sanitaire et environnementale et de gestion des risques de la Métropole Nice Côte d’Azur a été officialisée en juillet par le Conseil Métropolitain. Cette agence est chargée de coordonner les réponses d’urgences en cas de crise et de mener un travail prospectif afin de minimiser les effets de ces crises pour la population.

 

     L’agence s’est très vite saisie des questions relatives à l’épidémie de covid19, notamment en matière d’organisation du dépistage, en coopération avec le département de santé publique de la ville de Nice. Un conseil scientifique associant des médecins du CHU et des professionnels de santé libéraux a été constitué pour aider l’agence sanitaire dans la stratégie de lutte contre l’épidémie, en coordination avec l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur.

La tempête Alex fin 2020 est venue conforter la nécessité de ce projet

     Nice a beaucoup d’attrait, avec ses 300 jours d’ensoleillement par an, ses 6 stations de ski situées sur la métropole et le parc national du Mercantour connu de tous les amateurs de nature. Mais la métropole niçoise couvre un territoire particulièrement étendu de 1 465 km2 et très divers, qui court de la mer méditerranée au Mercantour, avec une zone littorale, montagneuse (le massif des Maures), et de campagne. Le vendredi 2 octobre, des pluies diluviennes suivies d’inondation entraînent des destructions considérables dans les villages du Mercantour de Roquebillière et Saint-Martin-Vésubie. Dix personnes sont décédées et 9 ont disparu. Cette nouvelle épreuve, en pleine période épidémique, constitue un vrai ballon d’essai pour la nouvelle Agence de gestion des risques lui permettant de montrer son savoir-faire en matière de coordination des interventions. 

Une campagne de vaccination démarrée très rapidement

     Étant donnée la situation très défavorable de la métropole niçoise sur le plan épidémique au début de l’année 2021, les élus locaux ont rapidement compris qu’il leur fallait accompagner au mieux la campagne de vaccination. Christian Estrosi a fait pression sur l’exécutif pour disposer très rapidement de doses. L’agence sanitaire et environnementale a mis en place dans des délais très courts une plateforme de préinscription, avant que les doses soient disponibles. Les personnes étaient ainsi convoquées… une fois les doses réellement parvenues à la métropole.

     Pour faire fonctionner les nombreux centres de vaccination de la métropole dans les 49 communes du territoire, plusieurs centaines d’agents territoriaux ont été mobilisés ; une centaine à titre permanent tout au long de la campagne de vaccination, mais aussi des agents volontaires exerçant dans les différents services : espaces verts, logement, urbanisme, qui ont accepté de consacrer une semaine par mois à cette activité selon un protocole négocié avec les organisations syndicales.

     La surveillance des eaux usées a permis d’établir une cartographie de la diffusion de l’épidémie dans les quartiers et d’identifier les zones prioritaires pour la vaccination. Les élus n’hésitent pas à « aller vers » les quartiers populaires dans lesquels il est en général plus difficile d’avoir l’adhésion de la population. Les agents territoriaux s’y déplacent avec leurs tablettes, pour faciliter l’inscription des personnes rencontrées.

La situation métropolitaine a par ailleurs bénéficié d’une organisation mise en place depuis plusieurs années, « VacciNice », projet qui fédère les principaux acteurs de la vaccination privés ou publics sous le pilotage du département de santé publique de la ville de Nice.

 

     Les résultats sont là, avec 92 % de personnes vaccinées parmi les 75 ans et plus, et des indicateurs épidémiologiques qui s’améliorent tous les jours. Dans une agglomération qui compte une forte proportion de retraités, cette campagne accélérée a permis de protéger rapidement les plus fragiles et de ralentir la diffusion du virus. La réussite de cette mobilisation tient aussi sans doute aussi aux habitudes de travail en commun du conseil local de santé qui réunit régulièrement les élus et les différents groupes professionnels autour des questions de santé.

     Les connaissances scientifiques actuelles n’autorisent pas les conclusions hâtives et il reste difficile d’imputer le recul rapide de l’épidémie à tel ou tel facteur, avec certitude. Les conditions climatiques dans le sud-est ont-elles favorisé le ralentissement de la circulation du virus plus rapidement qu’ailleurs. En Corse, département dans lequel les habitants ont fortement adhéré à la vaccination, le taux d’incidence a lui aussi diminué brutalement (22 pour 100 000 au 7 juin). Il reste que cette forte implication des collectivités territoriales dans la campagne de vaccination va laisser des traces. Dans le futur, ces collectivités seront encore plus "parties prenantes" dans l'animation des politiques sanitaires.



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