PRÉVENTION DU CANCER DU COL DE L'UTÉRUS

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Le taux de vaccination contre le HPV (virus à l’origine du Cancer du col de l’utérus) est faible en France, et le taux de participation au dépistage stagne. De nombreux freins à la vaccination et au dépistage d’un côté, un imbroglio administratif de l’autre, souligne Lilas Pepy dans le Monde.

"C'est le seul cancer pour lequel il existe un vaccin, et un examen de dépistage"

Le cancer du col de l’utérus (CCU) touche chaque année plus de 3 000 femmes en France et provoque environ 1 100 décès. Ce cancer est causé par des virus appelés “papillomavirus humains” (HPV), très fréquents, qui se transmettent le plus souvent lors de rapports sexuels, avec ou sans pénétration. Le préservatif ne permet pas de s’en protéger complètement. L’infection aux HPV peut entraîner des lésions au niveau du col de l’utérus, qui peuvent évoluer vers un cancer. Mais c’est aussi le seul cancer pour lequel il existe un vaccin, et un examen de dépistage

Un faible taux de vaccination

La Stratégie décennale de lutte contre le cancer 2021-2030 de l’Institut national du cancer, a porté à 80 % l’objectif de couverture vaccinale contre les HPV, conformément aux recommandations de l’OMS. « Alors que le vaccin est disponible depuis 2006, le schéma vaccinal complet chez les adolescentes de 16 ans est de 37,4 % seulement en 2021, selon Santé publique France. La France figure parmi les pays d’Europe ayant les taux les plus bas taux de vaccination : l’Angleterre, le Portugal ou encore la Suède ont réussi à vacciner respectivement 85 %, 76 % et 83 % de leur population cible ».

L’incidence de la vaccination sur le recul des cancers du col a pourtant été démontrée, affirme Le Monde. « Une étude en population ouverte entre 2006 et 2017, portant sur plus de 1,6 million de Suédoises âgées de 10 à 30 ans, a permis d’établir que la vaccination anti-HPV diminuait de 88 % les risques de développer un cancer invasif chez les femmes vaccinées avant 17 ans ». Mais la résistance à la vaccination des enfants contre les HPV (responsables de 70 % des cancers de l’utérus) est forte dans la population. La violence des débats autour de la vaccination des enfants contre la covid19 illustre la difficulté à réellement mobiliser les familles sur ces questions.

Le taux de dépistage stagne

« Le cancer du col de l’utérus remplit les critères d’un dépistage massif : c’est une maladie fréquente, grave, à évolution lente, qui touche des femmes jeunes, et les lésions précancéreuses peuvent être traitées". À l’heure actuelle, l’INCa recommande deux examens cytologiques (frottis) entre 25 et 29 ans à un an d’intervalle puis trois ans plus tard. A partir de 30 ans et jusqu’à 65 ans, un test HPV – plus fiable que l’examen cytologique – doit être réalisé tous les cinq ans ». La couverture nationale de dépistage des 25-65 ans était de 59,2 % pour la période 2018-2020 en France, loin derrière nos voisins suédois, tchèques ou irlandais, où elle dépasse les 75 %. Plus préoccupant, le dépistage stagne depuis de nombreuses années : la moyenne frôlait déjà les 59 % entre 2012 et 2014 ».

Pour aller chercher les femmes qui ne se font pas dépister de manière spontanée, la France a lancé en 2018 le Programme national de dépistage organisé (PNDO) du CCU, sur le modèle de ceux mis en place pour lutter contre les cancers du sein et colorectaux. L’objectif est de réduire l’incidence et le nombre de décès par cancer du col de l’utérus de 30 % à 10 ans, en atteignant 80 % de taux de couverture dans la population cible. 

L’inspection générale des affaires sociales a dénoncé les dysfonctionnements des dépistages organisés

La mise en œuvre opérationnelle des différents programmes de dépistage (dont celui du cancer du col de l’utérus) a été confiée aux Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC). « Publié en juin 2022, un rapport de l’IGAS sur les dépistages organisés – dont le budget estimé par l’administration dépasse les 600 millions € – pointe de nombreux dysfonctionnements. L’IGAS dénombre pas moins de sept acteurs au niveau national – dont la Direction générale de la santé (DGS), l’INca et l’Assurance-maladie – en plus des acteurs régionaux. Plus loin, la mission estime que « les modalités de pilotage national sont trop complexes. Les rôles respectifs de la DGS, de l’INCa et de la CNAM sont peu lisibles » et « les tensions sont très fortes entre certains acteurs ».

D'après Lilas Pepy, dans le Monde.



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