ORGANISATION TERRITORIALE

Des centres médicaux ouverts 7/7

Ouverts en continu, y compris les jours fériés, ces centres accueillent les patients sans rendez-vous. Une alternative aux services d'urgence ?

Ces nouveaux centres médicaux répondent aux attentes des jeunes actifs et des patients sans médecin traitant.

Ils attirent également une certaine catégorie de praticiens, qui ne veulent pas s'engager dans un cabinet médical ou une MSP.

Jérémy Chaumoitre et Morgan Lejeune, médecins généralistes, viennent d'ouvrir les portes, en mai dernier, d'un centre médical fonctionnant en continu, de 9h à 22h, 7 jours sur 7, y compris les jours fériés, à Ergué-Gabéric (Finistère), dans la banlieue de Quimper.

En l'absence de secrétariat, les patients doivent utiliser la borne qui leur délivre un ticket. Celui-ci contient un QR Code, qui permet aux patients de connaître leur temps d'attente prévisionnel. Une salle d’attente assez imposante laisse penser que l’attente peut être longue.

Le centre est équipé d’une salle de soin pour les « petites urgences » : points de sutures, électrocardiogramme, pose de perfusion, plâtre…

Les médecins intervenants sont conventionnés secteur 1 et acceptent les patients bénéficiaires de la CMU (Complémentaire santé solidaire) et de l’AME (l’aide médicale de l’État). Les patients peuvent être suivis par un médecin traitant.

Le cabinet est joignable par téléphone ; les patients ont la possibilité de connaître le nombre de personnes présentes avant eux, le nom du médecin sur place, ou encore un numéro pour faire de la télé-consultation.

Jérémy Chaumoitre a créé les premiers centres de ce type à Aubagne dans les Bouches-du-Rhône, en 2005. Depuis, une quinzaine ont vu le jour dans ce département. Le Dr Chamoitre s’est associé au Dr Morgan Lejeune pour étendre son activité en Bretagne : Lanester a ouvert en janvier 2023, et Quimper fin mai. Celui de Rennes doit ouvrir en 2024. D’autres ouvertures sont prévues à Guipavas dans la banlieue de Brest (mai-septembre 2024) et à Vannes dans le Morbihan en 2025.

une alternative aux urgences ?

Créer de nouveaux centres médicaux alors que l’on manque de médecins peut paraître incongru. Mais ce type d'offre de soins répond aux attentes de certains médecins qui sont prêts à faire de très longues journées mais ne veulent plus travailler 5 jours par semaine. Dans ces centres ils peuvent travailler un, deux ou trois jours dans la semaine. Autre avantage pour les médecins : ils n’ont pas à se préoccuper de l’administratif, de l’approvisionnement des salles de consultation et de soin, ou des problèmes informatiques… qui sont entièrement prise en charge par les gestionnaires. 

Trouver un médecin traitant qui accepte de nouveaux patients n’est pas chose facile aujourd’hui. En proposant une plage horaire de 91 heures par semaine, ces centres médicaux attirent une clientèle de patients sans médecin traitant ou de jeunes actifs, à la recherche d’un médecin après leur journée de travail. Il est en effet pratiquement impossible d’avoir un rendez-vous médical en fin d’après-midi, les urgences étant alors le seul recours. 

Ce type d’offre est déjà présente dans d’autres régions, en Ile-de-France et dans l’Est.

De nombreux pays étrangers offrent également ce service : Suisse, Pays-Bas, Canada, Royaume-Uni, Irlande (pour les personnes souscrivant une assurance privée supplémentaire).

Pendant des années, la création de ces projets s’est heurtée en France à l’opposition des organisations de médecins, conseils de l’ordre, syndicats, ou urgentistes. Risque de concurrence pour les uns, médecine au rabais pour les autres… les qualificatifs négatifs à l’égard de ce type de structures ne manquent pas sur Twitter, de la part de patients insatisfaits (consultations trop rapides) ou de certains médecins traitants, avec les mêmes critiques déjà entendues à propos des associations SOS médecins (visites à domicile).

Et pourtant, les structures d’urgence craquent de partout et ces centres médicaux représentent une alternative. Pour le moment, ils ne sont pas soumis à autorisation, de ARS ou de l'assurance maladie ; jusqu'à quand ?   

(D'après Ouest-France)

François Tuffreau

publié le 8 juin 2023



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