Promotion de l'activité physique :

comment choisir les programmes les plus efficients ?

L’INSERM a été sollicité par le ministère des Sports pour réaliser une expertise collective [1] afin de disposer d’un bilan des connaissances scientifiques et d’analyser, dans le cadre des maladies chroniques, l’impact de l’activité physique.

Selon l'INSERM, le principal enjeu aujourd’hui n’est pas de savoir si on doit recommander une pratique régulière d’activité physique adaptée aux personnes atteintes d’une maladie chronique – il n’y a plus aucun doute sur cette nécessité – mais de déterminer les caractéristiques des programmes les plus efficients.

Pour les scientifiques, l'enjeu n'est plus aujourd'hui de démontrer l'efficacité de la pratique régulière d'une activité physique aux différentes étapes d'une maladie chronique, mais de déterminer les caractéristiques des programmes les plus efficients en fonction des aptitudes physiques et des ressources psychosociales des patients, pour une balance bénéfice/risque optimale : quand commencer un programme, quelle pratique, quelle intensité, quelle fréquence, dans quel cadre, avec quelle forme d’intervention ? Des actions de prévention peuvent en effet être mises en œuvre en amont des maladies (prévention primaire), mais aussi à tout moment de l’évolution de celles-ci, (prévention tertiaire, destinée à limiter les complications des maladies).

  • Les maladies chroniques et leurs complications contribuent très fortement à l’état de dépendance ; la prévention de leurs complications et récidives est de ce fait un enjeu central pour le maintien de l’autonomie, notamment chez les personnes âgées.
  • Le deuxième enjeu est d’identifier les déterminants de l’adoption d’un comportement actif, pérenne et inséré dans les habitudes de vie. Quel serait l’intérêt d’un programme d’activité physique dont la démonstration d’efficacité a été faite par un essai clinique réalisé dans des conditions idéales, mais qui se révélerait ensuite ni approprié ni adopté par les patients en situation de vie réelle ?
  • Et le troisième est de comprendre les mécanismes par lesquels l’activité physique agit de façon générale, en amélioration de la condition physique, mais aussi de façon spécifique selon les pathologies concernées.

Dans cette expertise collective, sont étudiées les pathologies cardiovasculaires, les cancers, le diabète et les pathologies respiratoires chroniques. L’obésité, en tant que déterminant de maladies chroniques et phénomène morbide en soi, y trouve également sa place. Enfin, sont aussi prises en compte certaines maladies mentales (dépression, schizophrénie), ainsi que les troubles musculosquelettiques (TMS) et la multimorbidité. Une partie importante de l’expertise décrit, pour chacune de ces pathologies, la balance bénéfices/risques de l’activité physique, et l’intérêt en prévention, soin complémentaire ou thérapeutique.

 

A l’issue de cette expertise plusieurs recommandations ont été effectuées :

1         Prescrire de l’activité physique pour toutes les maladies chroniques étudiées et l’intégrer dans le parcours de soin

2         Adapter la prescription d’activité physique aux caractéristiques individuelles et médicales des patients

3         Organiser le parcours du patient afin de favoriser l’activité physique à toutes les étapes de la pathologie

4         Associer à la prescription une démarche éducative pour favoriser l’engagement du patient dans un projet d’activité physique sur le long terme

5         Soutenir la motivation du patient dans la mise en œuvre de son projet

6         Former les médecins à la prescription d’activité physique

7         Former des professionnels de l’activité physique à la connaissance de la pathologie et à l’intégration de l’activité physique dans l’intervention médicale.

 

La mise en œuvre effective de ces mesures - dans le cas de l'arrêt du tabac par exemple - dépendra aussi de la disponibilité des équipements et des personnels adéquats, et surtout du regard favorable qui sera portée sur cette activité thérapeutique sportive dans chaque couche de la société.

 

[1] Cette expertise s’appuie sur une analyse critique de la littérature scientifique internationale réalisée par un groupe pluridisciplinaire de treize chercheurs experts dans différents domaines relatifs aux pathologies chroniques, à la médecine du sport et à la psychosociologie.


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