Pourquoi ils/elles ont rejoint une MSP ?


Alexia Ministrot, coordinatrice, Font-Romeu (Pyrénées orientales)

Je suis coordinatrice d’une MSP multi-site à Font-Romeu, en zone de montage, en poste depuis octobre sur un temps partiel. Avant, j’étais enseignante en activités physiques adaptées. J’ai fait un stage dans une maison de santé. L’exercice pluripro, c’est quelque chose qui m’a toujours tenu à cœur. C’est super enrichissant. Je m’éclate… Le choc des cultures, je ne l’ai pas trop ressenti. Au départ les discours des différents acteurs impliqués dans le projet de la MSP n’étaient peut-être pas identiques concernant l'exercice en MSP. Maintenant nous avançons tous ensemble, professionnels de santé, usagers, institutions et collectivités pour améliorer le parcours de soins de proximité des habitants du territoire.


Béatrice Allard-Coualan, Médecin généraliste, Pleumeleuc (Ille-et-Vilaine),

Présidente de la Fédération bretonne des maisons de santé

J’ai eu une vie professionnelle un peu atypique. Je me suis installée il y a une dizaine d’années. C’était ma première installation. On a créé un pôle pluridisciplinaire de santé à l’époque qui a répondu à l’appel d’offres en matière d’expérimentation des nouveaux modes de rémunération. Nous avons mis en place un programme d’éducation thérapeutique. 

 Puis j’ai dirigé l’URPS des médecins libéraux. Pendant ces trois années, je me suis alors impliquée dans l’accompagnement et la création d’outils pour favoriser le développe-ment des maisons de santé. 

Je suis ensuite revenue à la médecine générale, à Pleumeleuc, à 40 kms de Rennes, un territoire dans lequel il n'y avait pas d'exercice coordonné entre les professionnels. Le territoire de Brocéliande était toutefois riche de nombreuses dynamiques sur lesquelles nous nous sommes appuyés pour construire notre projet interprofessionnel. C’est un territoire qui a maintenant une grosse dynamique en terme d’exercice coordonné, avec plusieurs pôles de santé, deux hôpitaux locaux, des établissements médico-sociaux et ainsi un ensemble de ressources qui collaborent dans l’esprit d’une Communauté professionnelle de territoire. On n’a pas rédigé de projet de santé mais ce qui compte c’est la dynamique créée sur le territoire. Je suis complètement convaincue de l’intérêt de l’exercice coordonné. C’est dans mon ADN. Comment passer de 1 000 à 2 000 MSP en France ??? Sur le terrain, il y a plein de dynamiques qui sont en place. Je crois qu’on va parvenir à mobiliser une partie importante des professionnels de santé libéraux en exercice dans les années à venir et que le modèle va s’étendre. Parce que ça répond à la fois aux besoins de la population et aux attentes des jeunes confrères. 

Pour moi, la maison de santé ce n’est pas de la réunionite. Ce sont des temps choisis en équipe pour faire progresser son projet. Donc le formalisme n’est pas complet. Pas besoin de 15 réunions par mois pour faire avancer un projet. Il faut avoir les bonnes méthodes, les bons outils et trouver l’accompagnant si nécessaire.

Dans la fédération, on a des facilitateurs qui, depuis plus de 10 ans maintenant, accompagnent le développement des MSP.


Delphine Franck, Diététicienne-nutritionniste, Bartenheim (Haut-Rhin)

Je suis diététicienne nutritionniste depuis 2007 et aussi bénévole active auprès de notre association nationale à Paris, pour travailler sur la reconnaissance de notre profession. J’exerce en MSP à Bartenheim, et j’ai un cabinet libéral dans une autre commune. Mon but, en MSP est de travailler au sein d’une équipe et de construire ensemble des projets de santé pour la population. La difficulté sur le terrain, c’est de coordonner les projets, notamment en ce qui con-cerne ma profession puisque nos actes ne sont pas remboursés par l’assurance maladie. La volonté de travailler ensemble, elle est là. Trouver les moyens sur le territoire c’est un peu plus compliqué.

Je n’ai pas particulièrement ressenti le « choc des cultures ». Le travail entre professionnels de santé de plusieurs générations n'est pas évident, mais ne me semble pas impossible non plus. Tous n'ont pas la même perception de la différence entre la santé et le soin. Il s'agit de construire ensemble un exercice coordonné, et les projets à venir vont nous y aider !

 


Vincent Magdelena, Médecin généraliste, L’Ile Bouchard (Indre-et-Loire)

Je fais partie d’une MSP qui rassemble 25 professionnels de santé répartis sur plusieurs sites. Nous l’avons créée il y a cinq ans. On a suivi tout le chemin des nouveaux modes de rémunération, puis de la SISA et maintenant de l’ACI. J’étais moteur du projet.

J’exerçais seul à l’Ile Bouchard et je voyais le tissu de santé qui se délitait. La réflexion a été engagée il y a dix ans maintenant, avec l’idée de fédérer les professionnels de santé. Professionnellement, j’avais envie de passer à autre chose. Dans une première étape, j’ai été gérant du Pôle santé. Il y a deux ans, nous avons embauché une coordinatrice. Moi, ça me passionne, parce que c’est une autre façon de travailler en pluripro. La désertification médicale a eu le mérite de créer une dynamique pour que les gens apprennent à travailler ensemble. D’une difficulté, on est en train de choisir quelque chose de pérenne… Le temps passé, bien sûr, ça a été énorme au départ. Mais, avec la coordinatrice, ça change tout. Maintenant, on s’organise pour créer une Communauté professionnelle de territoire, autour de trois maisons de santé et des professionnels de santé qui ne sont pas en MSP. On a maintenant une coordination des professionnels de santé qui couvre un bassin de 75 000 habitants.

Le choc des cultures ? Je trouve qu’en réalité, il n’y en a pas. On travaillait déjà ensemble. La grande chance du rural c’est que les professionnels de santé se connaissent entre eux. Ça marche, sauf si, au point de départ on n’a pas bien communiqué et qu’on se trouve tout de suite en situation de conflit. Maintenant, on a une coordinatrice et cela nous change la vie car elle nous permet de mener à bien nos projets. L’ACI, c’est un plus qui nous apporte énormément d’alternatives pour pouvoir avancer. C’est très chronophage, mais, moi, j’y trouve mon compte.


Kawtar Gouasmi, Médecin généraliste, Font-Romeu (Pyrénées-Orientales)

Je suis médecin généraliste remplaçante dans la MSP dans laquelle j’ai fait mon stage d’internat. Et je suis bien contente que le Département de médecine générale de l’université ait pris des internes pour les affecter en zone de montagne. J’y suis pourtant allée à reculons, en pleurant le premier jour, parce que je n’avais pas choisi mon lieu de stage. Au final, je suis revenue en courant. J’ai adoré la pratique en montagne, parce qu’elle est vaste et valorisante pour la profession.

J’ai fait une partie de mes études à Strasbourg puis à Montpellier. Lors de mon stage, les trois praticiens avaient une pratique différente, avec, chacun, une surspécialité. J’ai appris des trois avec des manières différentes de bosser. Maintenant, j’ai ma propre pratique dans une zone sous-dense, de montagne. C’est un peu particulier : Pendant la saison, on travaille beaucoup. Mais, en intersaison….