"À quoi peut bien servir un ministre de la santé ?"
En période de crise sanitaire, personne ne s'interroge sur l'utilité du ministre de la santé, et la question provocante d'Éric Favereau, journaliste à Libération, n'a pas lieu d'être. Mais, dans la période présente, cette question faussement naïve interroge la capacité des ministres de la santé successifs à engager des réformes profondes qu'attend le système de santé. « Le monde de la santé a-t-il seulement besoin de bonnes paroles, ou attend il plutôt que des choix forts soient enfin faits ? Et dans ces conditions, que peut faire le nouveau ministre, aussi habile soit-il ? », questionne le journaliste.
Que ce soit en matière d'organisation des soins en psychiatrie, de négociation de la convention médicale qui n'est toujours pas aboutie, de fermetures temporaires de services d'urgences, de tarification à l'activité, de financement de l'assurance maladie... les ministres de la santé successifs se mobilisent pour éteindre les incendies successifs, en l'absence de choix forts sur des solutions consensuelles toujours difficiles à construire.
o Le projet de Stratégie nationale de santé 2023-2033 (SNS) a été mis en ligne le 12 septembre dernier. Mais, dans ce domaine, le message politique est complément brouillé ; la politique de santé est devenue un véritable mille-feuilles, incompréhensible pour le citoyen. Les annonces politiques se succèdent, et le SNS s'ajoute aux multiples plans nationaux (addiction, lutte contre le cancer, maladies rares, nutrition...) mais aussi aux Projets régionaux de santé que les ARS élaborent actuellement.
o La Cour des comptes voit beaucoup d'intérêt au système de tarification des établissements de santé, la fameuse T2A, qui est devenu, toujours selon la CdC, « un monstre relativement ingouvernable ». Le président de la république a annoncé que le système de T2A allait être (partiellement) abandonné, mais pour être remplacé par quoi ? La CdC apporte quelques éléments de réponse.
o "Quelles frontières claires installer entre les pratiques qui relèvent du personnel soignant et celles du personnel médical ", s'interroge encore Éric Favereau. Beaucoup de transformation ont déjà eu lieu dans ce domaine, la crise sanitaire ayant accéléré ce mouvement. Un exemple parmi d'autres, la cardiologie ; les Infirmiers de pratique avancée commencent à trouver leur place au sein de cette spécialité, aussi bien en ville qu’à l’hôpital.
o Mais que se passe-t-il dans les services d'urgence (SAU) ? La fermeture temporaire de 163 d'entre eux pendant l'été est le signe que le système de soins est en grande difficulté. Coincés entre une offre de soins de premier recours en recul et des capacités hospitalières qui se réduisent, de nombreux services d'urgence sont au bord de l'asphyxie. Lire l'article.