SOINS DE PROXIMITÉ

Comment faire plus avec moins ?

Le ministre de la santé a lancé officiellement le Conseil national de refondation, au Mans, le 3 octobre dernier, avec, comme objectif principal, de permettre à chaque français d’accéder à un médecin traitant. Mais comment améliorer l’accès aux soins alors que le nombre de généralistes recule dans de nombreux territoires ?

Le ministre de la santé a compris que l’efficacité des politiques de santé ne se mesurait pas au nombre de textes de lois, décrets et circulaires publiés au Journal officiel. Il a choisi de « parier sur le local », avec l’organisation de réunions dans chaque département, au plus près des populations, et non pas au niveau régional, qui est l’échelon de décision des Agences régionales de santé (ARS).

Pendant des années, les questions de démographie médicale ont été considérées avec dédain par de nombreux responsables sanitaires. L’augmentation des dépenses de santé était alors imputable, selon les experts du ministère de la santé et de l’assurance maladie, aux professionnels de santé libéraux eux-mêmes, en référence à la vieille loi économique selon laquelle « toute offre crée sa propre demande ». Le nombre de médecins libéraux en activité diminue depuis plusieurs années… mais les déficits de l’assurance maladie continuent de se creuser !

Dans ce contexte, comment améliorer l’accès aux soins de la population. Ne pouvant agir à court terme sur l’offre de soins, puisque les modèles existants prévoient une reprise de la démographie médicale au mieux après 2030, le ministre de la santé a lancé officiellement la démarche dite de refondation le 3 octobre dernier, au Mans. « Trouver des solutions concrètes avec l’ensemble des parties prenantes, en mobilisant toutes nos forces dans tous nos territoires » est le pari du ministre. Des réunions territoriales sont organisées dans chaque département avec les professionnels, les élus et les citoyens autour de quatre thématiques :

  • Donner accès à un médecin traitant ou une équipe traitante à tous
  • Avoir une réponse d’urgence partout accessible
  • Mobiliser les leviers locaux d’attractivité pour les métiers de la santé
  • Faire entrer la prévention dans le quotidien de tous les Français,

Le ministre de la santé a compris que l’efficacité des politiques de santé ne se mesurait pas au nombre de textes de lois, décrets et circulaires publiés au Journal officiel. Il a choisi de « parier sur le local », avec l’organisation de réunions dans chaque département, au plus près des populations, et non pas au niveau régional, qui est l’échelon de décision des Agences régionales de santé (ARS). À ce niveau géographique il est plus aisé de réunir autour d’une même table les différentes parties prenantes, et notamment les professionnels de santé libéraux et hospitaliers, pour organiser collectivement la coopération entre eux et trouver des solutions innovantes.

 

Les attentes de la population sont fortes en matière d'accès aux soins

À première vue, la méthode Braun séduit. Dans la mesure où les disparités territoriales en matière d’offre de soins sont extrêmement fortes, il est en effet impossible d’appliquer les mêmes recettes dans la Creuse, le Var ou en Seine-Saint-Denis.

Mais cette méthode a aussi ses limites. Le président de la république s’est rendu en Mayenne le 10 octobre pour une séance du nouveau Conseil national de la refondation. Depuis 20 ans, les élus et les professionnels de ce département se battent pour essayer de maintenir une offre de soins pour les habitants, avec un succès relatif jusqu’à présent, et la visite du président de la république a été accueilli avec un certain scepticisme, selon le quotidien régional Ouest-France. Comment organiser l'accès aux soins dans les départements les plus faiblement dotés, lorsque les professionnels ne sont pas assez nombreux pour répondre aux besoins de la population, y compris dans les principaux centres urbains.

Par ailleurs, les difficultés d’accès aux spécialistes ne font pas partie des thématiques des réunions territoriales du Conseil de la refondation. Or un médecin généraliste ne peut pas exercer sa mission sans s’appuyer sur un réseau de spécialistes (cardiologues, gastro-entérologues, gynéco-obstétriciens, psychiatres…). Selon l’enquête citée par le quotidien Le Monde, les écarts de densité par habitants sont plus importants que pour les médecins généralistes, et vont grandissants : les taux varient de 20 à 30 spécialistes pour 100 000 habitants dans l’Eure ou encore en Haute-Loire, 100 à 120 médecins dans les bassins les mieux pourvus, en Gironde, dans les Bouches-du-Rhône ou encore les Alpes-Maritimes, et bien sûr Paris (219 spécialistes pour 100 000 habitants).

 

Les difficultés d’accès aux soins dans certains territoires sont devenues insupportables pour de nombreux citoyens. Dans la mesure où le président de la république a affirmé, lors de son déplacement en Mayenne, qu’il ne souhaitait pas remettre en cause la liberté d’installation des praticiens, le Pr Braun doit trouver d’autres solutions pour améliorer l’accès aux soins.

Le ministre de la santé peut toujours se féliciter du communiqué commun des ordres professionnels dans lequel ceux-ci, réunis au sein du Comité de Liaison des Institutions Ordinales (CLIO), proposent notamment de « Développer dans chaque territoire les partages d’actes et d’activités des médecins vers les professionnels de santé exerçant au sein d’équipes de soins primaires et de proximité pour dégager du temps supplémentaire au médecin traitant afin d’augmenter le nombre de patients pris en charge par les médecins ».

 

>Notabene : les personnes souhaitant participer à ces réunions peuvent s’inscrire sur le site internet créé dans ce but.



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