Mission flash sur les urgences

Le président de SAMU-urgences de France doit rendre dans quelques jours au ministre de la santé 150 mesures susceptibles de soulager les services d’urgence pendant l’été. Le Pr Braun doit faire face au scepticisme des soignants ou des politiques. Comment résoudre en quelques semaines des problématiques pour lesquelles les rapports publics s'empilent depuis des années, alors que l'hôpital fait face à la "Grande démission" des soignants.

Le Pr Braun n’a pas pour mission de réformer le système de santé mais d’apporter un certain nombre de réponses concrètes pour qu’il n’y ait pas trop de dégâts (pour parler plus concrètement des décès) pendant l’été.

         Lors de l’audition du Pr Braun devant la commission des affaires sociales du Sénat, le Pr Braun, pour définir sa mission, a parlé de « damage control » (en anglais dans le texte), faisant référence à la technique de la Marine Américaine au cours de la seconde guerre mondiale pour désigner « la capacité d'un navire à contrôler des dommages subis et à poursuivre sa mission pour rentrer au port ». La mission confiée au Pr Braun par la ministre de la santé et de la prévention, « Accès aux soins urgents et non programmés : lancement d’une mission flash d’appui aux territoires pour identifier de premières solutions opérationnelles avant l’été » peut se résumer en quelques mots : « passer l’été » !

         Cette période est en effet difficile pour le système de soins quand les professionnels de l’hôpital prennent leurs congés mais aussi et surtout quand les médecins généralistes et les spécialistes de ville sont eux aussi en vacances. Mais de nombreux services d’urgence ne parviennent plus à répondre à leurs missions, à cause de la pénurie de soignants (voir la grande démission des soignants) qui a un impact à la fois sur le fonctionnement des urgences mais aussi sur les certains services hospitaliers fermés… qui sont incapables d’accueillir les patients passés par les urgences.

           Le Pr Braun n’a pas pour mission de réformer le système de santé mais d’apporter un certain nombre de réponses concrètes pour qu’il n’y ait pas trop de dégâts (pour parler plus concrètement des décès) pendant l’été. Une petite équipe de quatre personnes travaille avec lui – Pr Karim Tazarourte, président de la société française de médecine d’urgence, M. Antoine Leveneur, Président de la conférence nationale des URPS des médecins libéraux, Dr Delphine Tortiguet, médecin généraliste et Thomas Deroche, directeur de l’ARS de Normandie. À l’arrivée, pas de rapports, aucune mesure spectaculaire qui va révolutionner l’organisation des soins mais une centaine de mesures, parfois très techniques, qui devraient permettre… de parer au plus pressé.

           On ne peut pas dire que l’audition auprès de la commission sociale du Sénat fut un grand moment de démocratie politique. À quelques jours du deuxième tout des législatives, la majorité sénatoriale, ainsi que les sénateurs socialistes ou écologistes ont répété à peu près tous la même chose - « Les faits sont connus, il est inutile de produire un rapport de plus, « on » connaît les réponses, que peut-on faire en si peu de temps, il s’agit d’une réponse électoraliste, comment le Pr Braun a-t-il peu obtenir un tableau de bord de la situation que l’on a refusé de fournir aux sénateurs… » -  laissant peu de temps pour les réponses au Pr. Braun.

          Le président de SAMU-urgences de France a affirmé qu’environ 150 « mesures » avaient été repérées, avec deux grands blocs : les mesures qui visent à « freiner » l’accès aux urgences d’une part et celles-ci qui concernent une meilleure gestion des ressources humaines d’autre part - facilitation du recrutement de jeunes infirmiers et aides-soignants au sortir de l’école, ou des PADHUE (praticiens à diplôme hors union européenne), prise en compte de la pénibilité (travail de nuit) … D’autres propositions feront sans doute discussion comme la participation des chirurgiens libéraux aux gardes hospitalières pendant cette période.

        Lors des législatives, la ministre de la santé et de la prévention, Mme Bourguignon, a été battue et devrait perdre son poste selon la doctrine présidentielle… au plus mauvais moment pour prendre les décisions qui vont être proposées par la mission flash.



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