Les conditions de travail en milieu

hospitalier passées au crible

Depuis plusieurs mois, les articles de presse et les prises de position se multiplient pour dénoncer les conditions de travail en milieu hospitalier, et en particulier à l’hôpital public. Avant la crise sanitaire, la DREES a interrogé 23 000 salariés, dont 3 200 exerçant en milieu hospitalier, pour recueillir leur opinion sur leurs conditions de travail. Cette enquête met en évidence les fondements des difficultés actuelles qui ne se réduisent pas à des problèmes de sous effectif.

 

       Il ne suffit pas de créer des emplois à l’hôpital, faut-il encore les pourvoir. Car les contraintes horaires sont très spécifiques au secteur hospitalier avec le travail de nuit et le week-end. Par ailleurs, l’intensité du travail est davantage rapportée à l’hôpital que pour l’ensemble des salariés. En 2019, 57 % des salariés du secteur de la santé estiment leur quantité de travail excessive (40 % pour l’ensemble des salariés). Le fait de devoir « toujours ou souvent se dépêcher » est rapporté par plus de 60 % des salariés du secteur hospitalier (45 % de l’ensemble des salariés). Le travail à l’hôpital reste également marqué par son morcellement : les interruptions fréquentes pour une tâche non prévue concernent 78 % des salariés du secteur (65 % de l’ensemble des salariés). Dans ce contexte, seulement 58 % des salariés du secteur hospitalier estiment disposer d’un temps suffisant pour effectuer leur travail correctement (76 % de l’ensemble des salariés), et cette proportion est en recul depuis 2016.

 

       Quand les conditions de travail sont difficiles, sans parler de la forte dimension émotionnelle de ces métiers, le soutien des collègues et de la hiérarchie est indispensable. 92 % des salariés du secteur de la santé déclarent pouvoir obtenir de l’aide de leurs collègues en cas de difficultés à accomplir une tâche délicate. En revanche, seulement 63 % de ces salariés ont le soutien de leur hiérarchie. Selon cette enquête les tensions avec les collègues ou avec la hiérarchie sont plus fréquentes parmi les salariés hospitaliers que pour les autres salariés. Cette question est d’autant plus sensible que l’hôpital est une structure très hiérarchisée. Environ le quart des agents (des agents d’entretien aux infirmiers) se sentent ignorés ou empêchés de s’exprimer.

       Aujourd’hui, que vous soyez postières où que vous travailliez à un guichet de banque vous êtes susceptible de faire face à l’agressivité des clients. De nombreuses formations sont d’ailleurs proposées pour faire face à la violence ou à l’agressivité au travail. C’est également le cas à l’hôpital où ces situations concernent 20 % des infirmiers et sage-femmes, et 17 % des médecins (en réponse à la question « Vivez-vous des situations de tension, souvent ou suffisamment pour perturber votre travail dans vos rapports avec le public ? »).

        Un certain nombre d’établissements de santé, qui étaient déjà en difficulté avant la crise sanitaire, font face actuellement à des situations particulièrement dramatiques, notamment par manque de personnels liés à des départs récents qui touchent toutes les catégories d’emploi, y compris médicaux.

       Ce baromètre de l’état des conditions de travail dans les établissements de santé est d’un grand intérêt. Mais il mériterait d’être affiné pour connaître la variabilité de ces données selon le type d’activités de soins (médecine, chirurgie, psychiatrie…) et les régions. Un tel outil constituerait alors une véritable arme pour la conduite des politiques de santé en matière de gestion des ressources humaines.

 

 

SOURCE : L’exposition à de nombreuses contraintes liées aux conditions de travail demeure, en 2019, nettement plus marquée dans le secteur hospitalier qu’ailleurs. DREES, Études et résultats, n°1215, novembre 2021.
Les enquêtes « Conditions de travail », recueillent depuis 1978 la perception des conditions de travail des actifs occupés. Tous les trois ans, le dispositif documente différentes dimensions des conditions de travail (contraintes horaires, contraintes physiques), et de l’exposition à des risques psychosociaux (intensité du travail, exigences émotionnelles, autonomie, rapports sociaux au travail, conflits de valeur, changements vécus au travail, reconnaissance, rémunération et évaluation au travail.



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