L'enquête PestiRiv fait des vagues

Depuis les années 1980, des enquêtes épidémiologiques ont « évoqué » à plusieurs occasions en France (Agrican) et au niveau international l’implication de pesticides dans des pathologies cancéreuses, des maladies neurologiques et des troubles de la reproduction. Le lancement de PestiRiv par l’Anses et Santé publique France, première étude qui vise à mesurer l’exposition de la population dans les zones viticoles et non viticoles, provoque déjà des remous.

Les personnes vivant à proximité des exploitations viticoles sont-elles particulièrement exposées aux produits utilisés pour les traitements phytopharmaceutiques et, si oui, comment ? Pour répondre à ces questions, Santé publique France et l’Anses viennent de lancer PestiRiv.

     Une large utilisation des pesticides depuis plusieurs décennies a conduit à leur dissémination dans tous les milieux de l’environnement et pour certains à une persistance sur le long terme. En effet, de nombreuses données attestent de leur présence dans les fluides biologiques des populations humaines, même après leur interdiction pour les plus persistants. La question se pose de manière encore plus cruciale chez les exploitants agricoles et tous les professionnels qui sont amenés à manipuler, parfois massivement, de nombreuses substances, tout au long de leur carrière.

 

En France, une partie importante de la population rurale vit dans des régions viticoles

      Depuis les années 1980, des enquêtes épidémiologiques françaises (Agrican) et internationales s’appuyant, en particulier sur les observations réalisées dans des cohortes de sujets exposés professionnellement, ont « évoqué » l’implication de pesticides dans des pathologies cancéreuses, des maladies neurologiques et des troubles de la reproduction. Par ailleurs, des travaux de recherche ont attiré l’attention sur les effets éventuels d’une exposition même à faible intensité lors de périodes sensibles du développement (in utero et pendant l’enfance).

      En France, une partie importante de la population rurale vit dans des régions viticoles, certains vignobles se trouvant parfois au cœur des mêmes des agglomérations, comme dans le cas du vin d’origine contrôlée « Pessac-Leognan », au cœur de l’agglomération bordelaise.

      Les personnes vivant à proximité des exploitations viticoles sont-elles particulièrement exposées aux produits utilisés pour les traitements phytopharmaceutiques et, si oui, comment ? Pour répondre à ces questions, Santé publique France et l’Anses viennent de lancer PestiRiv, première étude de grande ampleur visant à mieux connaître et comprendre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de cultures viticoles. Il est rare qu’une enquête épidémiologique fasse autant parler d’elle… avant que les données soient collectées. Les articles se sont en effet multipliés depuis quelques jours dans la presse nationale à propos de PestiRiv,

 

Des prélèvements biologiques vont être effectués
auprès de 3 350 participants

       Cette étude vise à mettre en regard le niveau d’exposition réelle de la population, évaluée par des prélèvements biologiques, à l’ensemble des sources possibles d’exposition. Seront recueillies des donnés sur l’alimentation (y compris l’eau), l’activité professionnelle dont les usages agricoles. L’étude va s’intéresser également à la qualité de l’air, y compris celle des domiciles. Des prélèvements biologiques (analyses de cheveux et d’urines) vont être effectués sur les 3350 participants, âgés de 3 à 79 ans, qui vivent soit à moins de 500 mètres des vignes ; soit à plus de 5 km de vignobles et plus de 1000 mètres d’autres cultures ». Cette étude va être réalisée dans six régions françaises (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur). L’identification des sources de pollution qui contribuent le plus à l’exposition aux pesticides devrait permettre d’adapter les mesures de prévention. Deux périodes de l’année ont été décidées pour les mesures : d’octobre 2021 à février 2022, quand l’usage des produits phytosanitaires est faible, et de mars à août 2022, pendant les traitements intensifs et l’épandage.

 

Mais ce projet ne fait pas que des heureux

            Selon le quotidien Le Monde, le représentant des viticulteurs bordelais a indiqué à la préfète d’Aquitaine que son organisation ne participerait pas aux rencontrées programmées avec les chercheurs. Une menace à peine voilée qui peut mettre en péril PestiRiv, affirme le quotidien. Or, la réalisation de cette étude implique la coopération des viticulteurs, qui devront partager avec les agences sanitaires leur calendrier d’épandages et les produits qu’ils utilisent. Les résultats ne seront connus qu’en 2024 mais les chercheurs de l’Anses et de Santé publique France ont d’ores et déjà besoin de beaucoup de diplomatie pour conduire leurs travaux sur le terrain.

 

Source : Anses, Santé publique France



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